3. Créer du lien

L’environnement social dans lequel on travaille est très important pour l’apprentissage et la motivation. Le lien qui unit les joueuses entre elles et qui se tisse entre elles et le coach est d’autant plus important dans les sports collectifs car l’équipe ne change pas.

Dans les sports collectifs, l’esprit d’équipe est essentiel au développement des compétences. Lorsqu’un groupe ne s’entend pas bien, il a du mal à progresser et les compétences des joueuses s’expriment moins bien face au stress engendré par les compétitions. Le rôle du coach est de définir les rôles des joueuses dans l’équipe et de les encourager à résoudre leurs problèmes.

Gestion des relations dans le groupe en pratique :

  • Pour montrer aux joueuses qu’elles sont là les unes pour les autres comme une équipe, les coachs peuvent proposer :
    • des exercices de team-building en début d’année,
    • des exercices en groupes de tailles différentes. Il s’agit de dire et de
  • En observation, le coach doit être vigilant à la place de chacune dans le groupe (affinités, isolement ou exclusion du groupe).
  • Lors de la création des groupes de travail, il doit mélanger les joueuses pour éviter les clans et faciliter l’intégration de nouvelles joueuses.

Il est important que les joueuses puissent exprimer leurs besoins pour faciliter leurs apprentissages sportifs et leur bien-être. Mais avoir une réelle communication avec les joueuses passe aussi par le fait que le coach accepte de se laisser surprendre par leurs suggestions à propos des situations sur le terrain, comment elles pensent et ressentent les situations. Ecouter les joueuses permet de leur montrer qu’elles sont importantes.

Le coach doit transmettre l’idée qu’il est joignable, ouvert à la discussion et ouvert d’esprit sur tous les sujets (famille, école, amitié, relations intimes). Lors de ces discussions le coach écoute, sans juger et sans imposer de solution. Il peut proposer des solutions ou orienter vers une personne plus qualifiée si besoin.

Certains coachs de notre programme avaient tendance à penser que les filles étaient plus timides que les garçons, alors que les filles ne partageaient pas du tout ce point de vue. Cette idée sur le caractère des joueuses peut influencer la façon dont le coach communique avec elles, car il peut faire trop attention à ne pas heurter les joueuses quand il parle avec elles alors qu’elles n’en ont pas besoin. Cela peut aussi leur transmettre l’idée qu’elles ne sont pas de bonnes interlocutrices. Certaines joueuses sont bel et bien timides. Pour ces joueuses, le coach doit garder en tête qu’on peut être à la fois une bonne joueuse et être timide. Il faut alors adapter la méthode pédagogique.

“Elles savent qu’elles peuvent nous joindre à n’importe quel moment si elles en ont besoin.” Aleksandra, BC Girls Basket.

Faciliter la prise de parole des joueuses en pratique :

  • Pour envoyer clairement le message qu’il est ouvert à la discussion et que c’est important pour lui, le coach peut établir une routine au début ou à la fin de l’entraînement pour amener les joueuses à partager leur humeur. Ces routines de communication améliorent la communication coach-athlète et la communication entre les joueuses de l’équipe.
  • Les discussions qui ont lieu en dehors du terrain offrent encore plus de possibilités d’échanges. Le coach doit souligner que ces situations permettent de tisser des liens et sont très importantes pour la formation de l’équipe. Ces temps d’échanges n’arrivent pas par hasard, ils doivent être prévus par le coach, lorsqu’il prévoit des sorties avec son équipe, ou bien lorsqu’il reste un peu après l’entraînement.
  • Lorsqu’il communique avec les joueuses, le coach doit aussi se montrer accessible en utilisant un vocabulaire « qui parle » aux joueuses, pour qu’elles sentent qu’il est facile de discuter avec lui.
  • Pour les amener à prendre la parole et à utiliser les termes techniques du sport, le coach peut aussi demander à un duo de joueuses de choisir un exercice qu’elles aimeraient faire ou d’en imaginer un.

Gestion des joueuses timides en pratique :

  • Le coach ne doit pas demander à cette joueuse de parler ou de faire des démonstrations avant qu’elle ne soit à l’aise.
  • Il faut favoriser les solutions de tutorat pour aider les plus timides à s’intégrer.
  • Il est préférable de lui donner des feedbacks durant des moments individuels et durant lesquels elle est relaxée.
  • Certaines joueuses se montrent plus timides en présence de leurs parents durant les matchs (ou durant l’entraînement si le coach autorise la présence des parents). En effet, d’une part, la joueuse peut avoir besoin d’être avec ses amies sans ses parents, et d’autre part, parfois les parents donnent des feedbacks qui contredisent ceux des parents :
    • Le coach peut demander aux parents de venir moins souvent pour pouvoir avancer.
    • Le coach peut parler à la joueuse et ses parents pour leur indiquer comment apporter du soutien à la joueuse.

Le coach doit garder en tête qu’il est là pour transmettre son savoir. Il doit aussi se questionner sur les motivations des joueuses mais il ne doit pas leur forcer la main. S’il a trop d’attentes (envie de gagner à tout prix, envie d’être admiré), celles-ci peuvent empiéter sur les propres attentes des joueuses et installer une dépendance dans la relation coach-athlète ou bien il peut favoriser certaines joueuses et en délaisser d’autres. Dans ce cas, l’équipe peut perdre en confiance.

Le rôle du coach est de revenir sans cesse aux motivations des joueuses. Pour certains coachs, ces motivations sont difficiles à entrevoir car elles renvoient à une différence générationnelle. Par exemple, des coachs pensaient que les métiers du sport (journaliste sportif, coach, manager, arbitre, préparateur mental, psychologue du sport) sont plus des métiers d’hommes que de femmes. Mais cette idée n’est pas partagée par les joueuses de la génération actuelle, qui voient de plus en plus de modèles sportifs féminins. Le rôle du coach est de permettre aux joueuses de découvrir les métiers du sport et la place grandissante des femmes, pour faciliter leur investissement dans leur pratique sportive. L’ouverture d’esprit doit aussi se faire au niveau de la famille. Le coach peut parler aux parents de ces possibilités et de leur engagement pour suivre leur enfant.

Lors du recrutement, il est crucial de s’intéresser à des profils de coachs femmes. Outre le modèle d’identification qu’elles constituent pour les joueuses, les femmes coach dans le club viennent aussi enrichir les représentations que les coachs se font des besoins des joueuses et de leurs capacités. Les femmes coachs sont un interlocuteur privilégié des joueuses, car elles parcourent des chemins de vie similaires.

“Nous avons plusieurs rôles pour elles, parents, frères, soeurs, enseignants.. Nous somme là pour écouter et aider avant et après l’entrainement.. mais nous devons aussi mettre des limites aux relations.” Aleksandra, BC Girls Basket.