1. Comprendre les joueuses

Pour la plupart des coachs, s’adresser à un groupe de joueurs et à un groupe de joueuses n’engage pas les mêmes représentations. Nous avons une image très développée du sport masculin car il est plus fréquent et plus représenté dans les médias. Mais, quels sont les enjeux pour les adolescentes qui pratiquent un sport ? C’est un nouveau public pour de nombreux coachs et face à cette nouveauté, ils peuvent recourir à des représentations stéréotypées et automatiques qui génèrent une image simplifiée. C’est pourquoi, bien comprendre chaque joueuse que l’on coache est essentiel. Cette compréhension passe par la rencontre de la joueuse et les discussions qui s’engagent entre elles et le coach tout au long de l’année.

Le coach est un médiateur des apprentissages pour les joueuses. Il doit permettre aux joueuses de reconnaître leurs erreurs pour pouvoir ensuite s’améliorer. C’est pourquoi, l’empathie du coach, c’est-à-dire, la façon dont le coach comprend les ressentis des joueuses et s’y adapte, est fondamentale. Durant l’entraînement, l’empathie ne peut avoir lieu sans que le coach comprenne la joueuse dans sa globalité. Le coach a besoin de comprendre la place de la joueuse dans sa famille et son histoire pour vraiment entrer en relation avec elle.

“Une fois que la connexion est faite, l’empathie devient automatique”. Stephen, WLWB

L’empathie en pratique :

  • Le coach doit comprendre pourquoi un apprentissage est difficile pour une joueuse. Les causes peuvent être multiples. Il peut s’agir de :
    • difficultés physiques (capacités physiques, difficultés de coordination motrices…),
    • ou de difficultés psychologiques (capacités de concentration et de régulation émotionnelle ou croyances limitantes).

–  Le coach peut partager des éléments de son histoire, et de la façon dont il a vécu des réussites et des échecs pour aider les joueuses à faire face aux difficultés.

– Le coach peut aussi informer et orienter vers d’autres acteurs (préparateur mental, kinésithérapeute, psychologue, médecin ou infirmière).

Chaque joueuse à sa propre palette d’émotions quand elle pratique son sport. En tant que coach on peut être amené à se demander : comment puis-je aider les joueuses à bien gérer leurs émotions ? Il existe des techniques pour réduire l’intensité d’une émotion ou encore basculer vers une émotion plus agréable. Ces techniques peuvent être découvertes avec un préparateur mental ou un sophrologue. Le coach doit se tenir  informé de ces techniques et pouvoir orienter les joueuses vers ces partenaires. Cependant, le coach a quand même intérêt à parler des émotions et du stress ressenti par les joueuses, car ils influencent leurs apprentissages. Ces ressentis sont parfois en lien avec des croyances limitantes (exemple : « je ne pourrais jamais réussir cette tâche parfaitement »).

La gestion d’une joueuse qui n’a pas confiance en elle en pratique :

Pour les joueuses qui ont une humeur négative ou qui sont stressées, il est plus difficile de réussir une tâche car elles ne s’imaginent pas en train de la réussir.

  • Le coach peut proposer un exercice d’imagerie mentale, par exemple, en demandant aux joueuses d’essayer de se voir en train de réussir à mettre un panier avant d’effectuer leur lancer. Pour de nombreuses joueuses, se voir en train de mettre un panier est loin d’être évident. Le coach peut les aider à s’y entraîner.
  • Le coach peut leur demander ce qu’elles ressentent (notamment la colère, le stress, la tristesse) lors des situations d’apprentissage et de compétitions (en entraînement ou en match) afin qu’elles soient plus à même de repérer ces ressentis et de les réguler.
  • Le coach peut aussi proposer ponctuellement des temps de relaxation par la respiration et ouvrir le dialogue sur l’humeur des joueuses. Des exercices très simples tels que le « body scan » permettent d’aider les joueuses à appréhender leur ressentis. Ils consistent à demander à un groupe de joueuses de s’installer confortablement, de prêter attention aux inspirations et expirations et de se demander où se trouvent les émotions négatives dans leur corps, en partant de la tête, jusqu’au pied.

Néanmoins, pour de nombreuses sportives, la gestion des émotions et du stress se fait bien car le sport est une bonne façon de les canaliser, une sorte de bulle qui permet de « tout relâcher ». Pour ces joueuses dont la pratique peut s’avérer intense, la difficulté réside dans l’arrêt du sport, en cas de blessure par exemple. Parfois, ce sont la douleur et le choc liés à la blessure qui sont difficiles à surmonter. D’autrefois, c’est davantage la perte de « l’échappatoire » que constituait la pratique sportive, qui déstabilise la joueuse.

Gestion d’une joueuse blessée en pratique :

  • Le coach peut leur proposer d’assister aux entraînements afin de garder le lien avec l’équipe.
  • Le coach doit continuer à suivre les joueuses blessées et à s’informer de leur suivi médical.
  • Il peut également orienter la joueuse vers un psychologue si besoin.

Le dépassement de soi a une coloration différente pour chaque joueuse. Pour certaines, comme on vient de le voir, c’est une échappatoire, pour d’autres c’est une forme de soumission à l’autorité du coach, pour d’autres encore, c’est une exploration d’elles-mêmes et de leurs limites. En conséquence, la relation que chaque joueuse a avec la douleur s’en trouve affectée. Avant la mise en place de notre échange de pratiques, plusieurs coachs de notre programme pouvaient penser que les garçons faisaient plus d’efforts, malgré la douleur, que les filles. Nous souhaitons souligner ici, qu’il n’y a pas de généralisation à faire sur ce sujet. Chaque joueuse est plus ou moins capable de se surpasser lors des entraînements et des matchs, en fonction de son rapport au sport et des croyances limitantes qu’elle a reçues sur les efforts qu’elle peut fournir.

Gestion du dépassement de soi en pratique :

  • Expliquer ce qu’est le dépassement de soi aux joueuses
  • Expliquer aux joueuses comment se surpasser, franchir la ligne du sport « commode » pour progresser. Ces efforts concernent à la fois le corps, mais aussi l’alimentation et le sommeil.
  • Avoir établi des règles strictes concernant la façon dont les blessures sont traitées (lorsqu’il y a une blessure, aucune pratique n’est autorisée sans l’accord écrit du médecin).
  • Leur demander en début d’entraînement : « Es-tu à ton maximum ? », « Est-ce que tu as des problèmes aujourd’hui (blessures, fatigue ou autre chose) ? » « Es-tu prête à t’entrainer ? Tu t’entraines pour améliorer ton niveau. »